Paradigmes et étude de la conscience

  1. Les bases du paradigme en science à l’usage du néophyte

Miriam Gablier est l’autrice d’un ouvrage sur les mystères de la conscience paru à l’édition le lotus et l’éléphant. Le livre est de qualité, il présente sans aller dans les détails les grands phénomènes extraordinaires de la conscience.

Une partie est consacrée à la présentation des grands paradigmes utilisés en science ou ailleurs pour étudier la conscience. J’ai trouvé cette partie instructive et intéressante à plus d’un titre.

C’est pourquoi nous allons en parler dans cet article consacré aux paradigmes qui sous-tend l’étude des expériences qui nous intéresse.

Pour ce papier, j’adopterai une organisation plus académique pour rendre plus lisible l’information et vous permettre de vous y retrouver facilement.

Le but c’est de donner des éléments pour aborder avec sérénité des concepts qui restent complexes pour moi aussi.

Sommaire

I La nécessaire implication du paradigme dans l’étude d’un phénomène

A) C’est quoi un paradigme ?

B) Une typologie variée

I La nécessaire implication du paradigme dans l’étude d’un phénomène

Étymologiquement, le mot renvoie à un nom grec « paradeïgma » qui veut dire « modèle ». À ce titre, il existe plusieurs types de paradigmes aujourd’hui et cela va dépendre du domaine auquel il est rattaché.

Wikipédia en donne un bon aperçu de la signification de paradigme pour la sociologie, la philosophie ou encore l’économie.

Celui qui va nous intéresser c’est celui développé dans le cadre de l’épistémologie avec Thomas Samuel Kuhn, un physicien, historien des sciences et philosophe des sciences né en 1922 et éteint en 1996.

A) Qu’est-ce qu’un paradigme ?

Le paradigme est un modèle de pensée. C’est une sorte de pot commun entre plusieurs scientifiques qui vont se mettre d’accord sur des croyances. Le but tend vers la constitution d’une base commune entre scientifiques pour permettre de dégager des axes de pensées et de recherches.

Pour Kuhn, il existe deux possibles définitions à ce terme en épistémologie.

  • 1-      Le paradigme est un ensemble de croyances, techniques et méthodes en commun.
  • 2-      Le paradigme est une solution concrète à un problème qui va servir de moule de penser pour régler d’autres problèmes.

Les scientifiques se mettent d’accord sur l’existence d’un problème et ils se mettent d’accord sur les moyens utilisés considérés par eux comme acceptables pour tenter de résoudre le problème. Le paradigme va créer une tradition de recherche en fonction des similitudes et des différences. Selon Kuhn, l’étude de ce paradigme par le scientifique va lui permettre de naturellement l’intégrer. Il va pouvoir s’y épanouir, mais aussi le défendre.

Remarque personnelle : Le paradigme m’apparait comme une construction nécessaire et pragmatique pour l’étude et la recherche.

Mais, à mon sens la tradition de recherche peut se cristalliser avec le temps. On en vient à considérer ces paradigmes comme des monolithes de la pensée alors que la science devrait savoir se mouvoir en toute circonstance.

Il est normal qu’à un moment donné un paradigme qui semble faire ses preuves et qui explique de façon convaincante la « réalité » soit défendu.

Toutefois, un arrêt complet de la remise en question du paradigme peut mener à une pensée sclérosée. On se rapprocherait alors d’un type de pensée quasi religieuse dans sa vitesse à évoluer dans le temps.

C’est une critique issue de ma vision en tant que non — scientifique. Si cela se trouve, c’est le contraire qui se passe.

En résumé, le paradigme selon Kuhn est basé sur le consensus entre les scientifiques quant aux méthodes utilisées.

Il se compose aussi de croyance. Attention pas la simple croyance sans fondement (voir III La question de la croyance de l’article suivant https://voyageurconscience.wordpress.com/2021/04/24/lexperience-de-la-realite/ pour plus de précisions sur les types de croyances).

C’est une source de connaissance considérée comme stable.

Des crises peuvent apparaitre à cause de l’émergence d’une théorie qui peut prendre la forme d’un paradigme et remplacer ou se greffer à l’ancienne.

Remarque personnelle : le changement de paradigme ou plutôt sa mutation semble le fait de crises majeures. La science ne semble pas évoluer d’une façon linéaire en suivant une continuité fluide.

C’était là un aperçu, l’étude du concept de paradigme seul demande un temps considérable. Il s’agit là d’un aperçu pour vous familiariser avec ce mot en tant qu’expérienceur de la conscience.

On va établir un listing de quelques paradigmes existant, cela vous permettra de savoir d’avoir des connaissances à opposer à une personne qui se dit matérialiste par pur conformisme.

B) Une typologie variée

Je ne parlerai ni d’éliminativisme ni de fonctionnalisme et le tableau n’est là qu’à titre d’illustration pour vous faire une idée des connexions entre les paradigmes.

Paradigmes modélisés par la science.

Le matérialisme : Ce paradigme est basé sur la nature corpusculaire de la matière. Tout est matière et celle — ci se compose de petits éléments, les atomes. La réalité, tout ce qui existe est composé de matière et rien de plus.

Remarque : Il s’agit d’un ancien paradigme, les découvertes scientifiques ont remis en cause la nature de la matière. La plupart des personnes qui se disent matérialistes arborent une pensée périmée tant les sciences ont évolué.

Le physicalisme : C’est une mutation du paradigme matérialiste qui va considérer que les phénomènes proviennent de la physique. On va réduire des processus biologiques et psychologiques à la simple interaction chimique observable. Le concept d’esprit comme on le connait classiquement est mis au rebut.

La conscience serait un phénomène accessoire dérivé de l’activité de cette chimie.

Dans son ouvrage, Miriam Gablier, énonce une critique en mettant en avant l’impossibilité pour le paradigme physicaliste de définir clairement le processus de la physique. La physique quantique n’arrange pas les choses et pourrait mettre à mal ce modèle à terme.

Le réductionnisme : La thèse du réductionnisme consiste à considérer qu’il existe un ensemble d’entités uniques qui vont servir à exprimer des organisations complexes.

L’exemple est peut-être maladroit : on peut observer l’activité du soleil, c’est vulgairement une boule nucléaire. On peut réduire son activité à la fusion de deux protons et un noyau de deutérium, son carburant est l’hydrogène.

Son activité est réduite à cette interaction atomique.

Le réductionnisme, même si en réalité c’est plus complexe que ça. Va réduire les phénomènes comme la conscience à l’interaction chimique des neurones comme avec le physicalisme.

Le panpsychisme : Dans ce paradigme, l’esprit fait partie de la matière et elle est présente partout « pan ». C’est le paradigme physicaliste, mais étendu dans l’acceptation de ce critère supplémentaire (la conscience).

En outre, la complexité de la conscience va dépendre de la complexité biologique. L’être humain étant ce qu’il est, il expérimente la conscience à un certain niveau et cela permet la création d’une pensée complexe.

Toutefois, le panpsychique va considérer que la conscience ne s’éteint jamais et que d’une certaine façon l’univers possède une forme de conscience basique.

Paradigmes spirituels

L’idéalisme : L’idéalisme est le frère jumeau du matérialiste. Si pour l’un tout est matière, alors pour l’autre tout semble esprit. Simplement, l’idéalisme considère que Dieu est la réalité dans l’idéalisme réaliste et que la matière n’existe pas en réalité.

Le dualisme : Il s’agit du paradigme qui voit l’équilibre retrouvé entre le matérialisme et l’idéalisme dans l’acceptation de l’un et l’autre. Il n’existe que deux choses dans l’univers, la matière et l’esprit. Néanmoins, ce paradigme n’explique pas ce qui constitue le lien entre ces deux concepts.

Les paradigmes sont présentés pour vous en faire une idée sans être un spécialiste sur le sujet, je n’en suis moi-même pas un.

Mais, ce que je voulais faire comprendre. C’est qu’il s’agit de construction, qu’il en existe beaucoup et qu’au final les personnes comme vous et moi vont se sentir attirées par l’un ou l’autre pour expliquer un phénomène extraordinaire.

Une personne qui fait de la sortie hors du corps pourra très bien passer d’un physicalisme dur à du panpsychisme, voir même à de l’idéalisme. On est différent et à ce niveau-là on fait avec notre propre sensibilité.

Des scientifiques font preuve d’audace et esquissent ce qui pourra devenir un paradigme conscientiel. La conscience est peut-être ce qui est au centre de la réalité ou des réalités. La matière et les phénomènes physiques étant peut-être des épiphénomènes ou obéissant à d’autres modalités, pourquoi tout unifié dans un seul paradigme ou plutôt théorie dans ce cas-là ?

Dans le cas de mon expérience, oui je constate que ma conscience se positionne au centre de l’expérience et c’est tout à fait logique. Mais, comment étudier un phénomène qu’on ne peut observer qu’en l’expérimentant ?

Il nous faudra de nouveaux cadres théoriques et des gens courageux.

À voir

référence :

Pour plus de détails voir Miriam Gablier les mystères de la conscience.

Michel Bitbol, la conscience a-t-elle une origine ?

Paradigme selon Kuhn : https://journals.openedition.org/communicationorganisation/1873

Le réductionnisme (costaud attention mon cerveau brûle) : https://encyclo-philo.fr/reductionnisme-a

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